Le manoir de Kérandraou
Chez les Ducs de Bretagne
Kérandraou est l'un des plus vieux manoirs bretons, ancien lieu de villégiature des ducs de Bretagne.
Un long chemin cabossé, en bordure du Bizien, sur la route autrefois empruntée par les pèlerins de Saint-Yves.
Kerandraou, le plus ancien des manoirs du Trégor, niché à Troguéry (22), et l'un des plus vieux édifices bretons.
Comme fossilisé depuis 600 ans.
L'édifice qui est classé Monument historique depuis 2003, n'a - miraculeusement - pas subi de transformation depuis la fin du XIVème siècle.
De la chapelle privative qui surplombe le porche d'entrée en passant par les poutres,
la porte de la salle de garde
et celle du sacraire,jusqu'au torchis rosé qui s'effrite aux murs:
le logis-porte est quasi intact, comme fossilisé depuis plus de six cents ans.
L'âme de son premier maître et seigneur, Henri-Philippe de Coetgoureden, ambassadeur de Bretagne auprès du Roi de France, y transpire encore.
Veillé par deux sentinelles sculptées à même la pierre, on se figure aisément les tournois, scènes de chasse, réceptions et aussi, assauts sanguinaires, qui se jouèrent entre ces murs.
Un chantier partagé
Sous le contrôle de l'architecte en chef des Monuments historiques, une première tranche de travaux a été lancée pour un montant de 552.000 EUR. Un montant en partie supporté par la Région, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et le conseil général des Côtes-d'Armor.
Il s'agit, outre la réfection des maçonneries et de la toiture, de restaurer la bretèche (sorte de chemin de ronde) qui courait à l'étage au niveau de la chapelle et, sur la façade opposée, de rehausser la tour qui domine le Pays rochois.
Il s'agit, également, de poursuivre les fouilles : au-dehors, où les fondations d'un bâtiment de fond de cour ont d'ores et déjà été découvertes et en-dedans, au cas où la chapelle restituerait des fragments de fresques religieuses en polychromie.
Une affaire de famille
Des tas de projets pour faire vivre et revivre le site: visites guidées (tous les jours d'été), reconstitutions médiévales nocturnes et spectacles de chevalerie, lancement d'une revue d'histoire par souscription... 4.000 pèlerins (on est aux portes de la cité de Saint-Yves!) ont afflué l'an dernier (première saison) à Kerandraou.
Une manne essentielle pour les maîtres des lieux qui investissent pour doter le manoir d'un mobilier d'exception. Ici, un coffre daté de 1480, qui a appartenu peut-être à François II, père d'Anne de Bretagne; là, un lit clos de 1685 finement sculpté,
ancienne propriété des Kergrist et du marquis de Coatredrez...
Un diaporama «techno» et des mannequins de cire en costumes d'époque accueillent gentes dames et preux chevaliers dans la salle des Chouans.
Carreaux d'arbalète et autres tord-boyaux font revivre les heures sombres qu'ont connues, en 1348, gueux et pestiférés.
Oyez, braves gens !
Sauvé de la ruine, Kerandraou ne craint plus ni la peste, ni les vicissitudes du temps.